Federico Fellini
Projection des films en copies restaurées, en présence de Jean Gili, critique, historien et auteur du livre Fellini : le magicien du réel et Gian Luca Farinelli, directeur de la Cineteca di Bologna
En partenariat avec Cinecittà
Multi-récompensé et considéré de son vivant comme un maître absolu du cinéma, Federico Fellini a su se dépasser pour inventer un art unique et personnel sur lequel Martin Scorsese écrira : « Il suffit (…) de dire "fellinien" pour que tout de suite apparaissent à nos yeux des clowns, des femmes protubérantes, des foules de clercs en costumes et des fêtes, le visage de Marcello Mastroianni ou celui de Giulietta Masina. Pour qu'émergent à nos oreilles une mélodie de Nino Rota, le vent, le bruit d’une mer en hiver, des cris perdus, des rires monstrueux. Pour évoquer un sens délicat de la mélancolie, de la mémoire et de l’enfance, de l’étrange, du loufoque. »
Âgé de 19 ans, Federico Fellini monte à Rome et commence une carrière de caricaturiste pour des journaux populaires italiens. Loin d’être anecdotique, ce premier métier assoit son goût pour le grotesque inspiré par le réel. Il ouvre une petite boutique où les passants peuvent se faire tirer le portrait. Le monde devient alors pour Fellini un défilé permanent de trognes et de situations. Six ans plus tard, il décroche ses premiers contrats de scénaristes et collaborent à d’importants films italiens avec Roberto Rossellini, Pietro Germi et Alberto Lattuada. C’est avec ce dernier, en 1951, qu’il co-signera Les Feux du music-hall, son « demi » premier film. Encore un pied dans le néo-réalisme, cette peinture de l’Italie d’après-guerre s’avère très personnelle pour Fellini et révèle déjà une vision du monde complexe qui s’épanouira dans les œuvres à venir.
Il est connu que la carrière du maestro fonctionne comme en deux temps. Il y a la première partie de l’œuvre jusqu’à La Dolce Vita en 1960, qui rompt définitivement avec le néo-réalisme, puis la seconde à partir de Huit et demi en 1963, qui plonge dans l’introspection. Fellini est alors à la recherche d’une écriture capable de rendre compte d’un sentiment intérieur entre souvenir et inconscient. Il confiait à Simenon (avec qui il tenait une correspondance) qu’il construisait maintenant ses séquences sur des « visions ». Dans Fellini Roma, des souvenirs, des scènes de fantaisie pure se mêlent à d’autres documentaires qui montrent une attention permanente pour le capharnaüm : que ce soit les corps extraordinaires, les autoroutes bondées, les contrastes entre l’ancien et le moderne.
Comme le dit le romancier américain Gore Vidal dans ce même film, « Rome est le meilleur endroit pour attendre l’Apocalypse ». Dans sa première période, Fellini nous montre des individus au bord du naufrage (comme son groupe de jeunes trentenaires paumés dans Les Vitelloni en 1953) puis c’est Rome toute entière qui est décadente dans La Dolce Vita. Pourtant, les films ne sont pas sombres pour autant mais, au contraire, lumineux. Comme si Fellini nous disait que tout était sauvé si, au milieu d’un effondrement, on pouvait garder sa conscience. Souvent, un personnage se détache du magma humain, après une scène de fêtes notamment, contraint de se retrouver face à lui-même. C’est le cas de Marcello (Mastroianni) qui erre dans la haute bourgeoisie romaine de La Dolce Vita.
105 ans après sa naissance, revenons au foisonnement de Fellini et à ses films sans frontière entre le rêve, l’imaginaire et la réalité. Le Festival Premiers Plans vous propose des copies restaurées de huit titres qui, tous, sont d’une inventivité formelle et narrative étonnante.