Nénette
Nicolas Philibert
Née en 1969 dans les forêts de Bornéo, Nénette vient d’avoir 40 ans. Il est très rare qu’un orang-outan atteigne cet âge-là ! Pensionnaire à la ménagerie du Jardin des Plantes - à Paris - depuis 1972, elle y a aujourd’hui plus d’ancienneté que n’importe quel membre du personnel. Vedette incontestée des lieux, elle voit, chaque jour, des centaines de visiteurs défiler devant sa cage. Naturellement, chacun y va de son petit commentaire…
Interprétation : Judit Kele, Nénette
Image : Katell Djian, Nicolas Philibert
Son : Laurent Gabiot
Montage : Nicolas Philibert
Musique : Pascal Gallois, Philippe Hersant
Image : Katell Djian, Nicolas Philibert
Son : Laurent Gabiot
Montage : Nicolas Philibert
Musique : Pascal Gallois, Philippe Hersant
Production : Les Films d'Ici
Distribution : Les Films du Losange
Distribution : Les Films du Losange
« Nénette est donc filmée à travers la vitre sale de la singerie (l'hiver, pour la majorité des séquences) ou à travers la grille de sa cage d'été. On ne voit qu'elle, elle et ses congénères, les autres orangs-outans du Jardin des Plantes, que l'on apprend à distinguer les uns des autres. La parenté étroite de la physionomie d'un orang-outan avec celle d'un humain déclenche un mécanisme d'identification fréquent au cinéma. On tente de se mettre à la place de Nénette que l'on voit contempler le monde du dedans, de se faire une idée de l'humanité qu'elle voit. Nous, nous ne faisons que l'entendre. La bande-son du film est faite des commentaires des visiteurs, des professionnels (les soigneurs, il semble bien qu'on se soit débarrassé du terme "gardien" sans doute trop carcéral), des artistes, qui parlent en regardant Nénette qui les regarde. À plusieurs reprises, le regard triste du grand singe est en plein accord avec les mots, mais on s'aperçoit bientôt qu'il s'agit sans doute de coïncidence, et que dans le cas contraire on ne sera jamais en mesure d'établir la portée de ces correspondances. (...) Les explications et les commentaires ont beau s'accumuler, scientifiques ou poétiques, le mystère reste entier et cette incapacité à comprendre se fait si violente qu'elle rejaillit sur d'autres expériences de cinéma. On finit par se demander si tous les documentaires ne sont pas les mêmes, qui nous placent dans la situation du visiteur qui s'imagine qu'il comprend l'animal derrière la vitre. » (Thomas Sotinel ; Le Monde)