La Moindre des choses
Nicolas Philibert
Au cours de l'été 1995, fidèles à ce qui est désormais devenu une tradition, pensionnaires et soignants de la clinique psychiatrique de La Borde se rassemblent pour préparer la pièce de théâtre qu'ils joueront le 15 août.
Scénario : Nicolas Philibert
Image : Katell Djian, Nicolas Philibert
Son : Julien Cloquet
Montage : Nicolas Philibert
Musique : André Giroud
Image : Katell Djian, Nicolas Philibert
Son : Julien Cloquet
Montage : Nicolas Philibert
Musique : André Giroud
Production : Les Films d'Ici
Distribution : Les Films du Losange
Distribution : Les Films du Losange
« La Moindre des choses. Un pré à l'orée d'un bois. Ils sont là, hagards et comme absents à tout, zombis sous un soleil de plomb, figés dans la lumière écrasante d'une sorte de terrible éternité. C'est ainsi qu'on les découvre et c'est sur cette image qu'on les quittera, les fous. Entre temps, il y aura eu un film, comme une parenthèse, ouverte et refermée sur cette certitude : la folie, ce bloc de temps, de lumière pétrifiée et aveuglante, c'est là où l'on ne peut pas entrer, avec l'envie (malsaine) de voir à quoi ça ressemble ou avec l'espoir (généreux) d'adoucir la douleur à quoi ça ressemble. C'est le poids qu'on ne peut pas porter pour ceux qui le supportent. On est dehors, ou on est dedans. Mais ouvrir une parenthèse dans cette certitude-là, c'est la moindre des choses. Pour Nicolas Philibert, La Moindre des choses est donc une voie étroite. D'emblée rejeté par la folie, qui lui renvoie son infilmable sous forme de cliché à la fois impressionnant, paralysant et désespérant (les zombis), le cinéaste fait face à cette impossibilité, n'essaie pas de la contourner en filmant, par exemple, l'encadrement de la folie. La clinique de La Borde, où a été tourné La Moindre des choses, est pourtant bien le lieu où la question des soins psychiatriques trouve des réponses différentes, au-delà des clichés justement, et agite des idées qu'il serait passionnant de voir à l'œuvre. On les verra d'ailleurs, mais décadrées, presque hors champ, sans commentaire et sans que le « suivi des patients » tienne lieu d'axe du regard. La Moindre des choses commence donc là où le cinéma a perdu ses marques et ne peut plus marcher dans ses propres traces : ni documentaire sur la folie, ni document sur l'institution psychiatrique, le film doit trouver une autre raison d'être face à ceux qui ont perdu la raison. Projet magnifique, à la fois modeste et ambitieux, et qui sera tenu ainsi, avec une humilité qui marque la plus haute aspiration, et avec foi en cette humanité dont le cinéma peut révéler la beauté. » (Frédéric Strauss ; Les Cahiers du cinéma)