
HOMMAGES ET RÉTROSPECTIVES
Sport et cinéma |
En partenariat avec le Département de Maine-et-Loire |
En présence de Charlène Favier, Élie Grappe et Sacha Wolff, cinéastes et de Toki Pilioko, acteur et rugbyman |
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Longs métrages |
Ciné-concert : À vos marques, prêts, burlesques !
En partenariat avec le Printemps des Orgues |
LES COURTS DE BENSHI : VIVE LE SPORT !
En famille, à partir de 5 ans
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Comme le soulignait le critique Serge Daney, les évènements sportifs portent en eux leurs propres narrations : « Un match, comme un film, est un petit récit. Il peut très bien ne rien s’y passer, comme dans la finale McEnroe-Lewis d’hier (6-2, 6-2, 6-2). On fait les gestes du tennis, l’un gagne et l’autre pas, mais rien n’y fait événement. Un tournoi, c’est déjà un grand récit. Une année de tennis, c’est une vraie saga. » (Serge Daney, L’Amateur de tennis. Critiques 1980-1990, P.O.L.) Les scénarios puisent ainsi dans la réalité une structure à même de faire un récit, d’autant plus quand ces derniers croisent des questions sociales et sociétales plus larges : les discriminations raciales (Ali), le sexisme (Joue-la comme Beckham) ou encore l’identité une fois que la passion du sport n’est plus accessible (The Rider). Les films racontent des histoires intimes entrelacées dans la grande Histoire. La représentation du sport pose question comme le pressent le champion de boxe Ali dans le film de Michael Mann. Se sentant instrumentalisé par un état dont il rejette la politique intérieure comme extérieure, Ali s’est battu toute sa vie pour abandonner son patronyme d’esclave, Cassius Clay. Il détruit par la force de ses poings les carcans imposés et se demande alors qui il est, qui il désire devenir. « Pour certaines personnes de ma génération, c’étaient les questions les plus pressantes. » déclare le réalisateur qui, à travers une courte période de la carrière du boxeur, raconte un sentiment face au monde et à ces bouleversements. Dans le film de sport, ce n'est ainsi pas toujours l'enjeu sportif qui est au coeur. Dans Hors jeu de Jafar Panahi, un groupe de femmes, en Iran, use de toutes les techniques possibles pour voir un match de foot, malgré l’interdiction des femmes à entrer dans un stade. Jake LaMotta, dans Raging Bull de Martin Scorsese, a beau être un grand champion, l’intérêt du film est ailleurs : dans son portrait auto-destructeur, entre moments de grâce et violence inouïe envers son entourage. Cela a aussi à voir avec la question de l'accès au sport, selon son milieu, son horizon social. Dans Breaking Away de Peter Yates, l’un des personnages évoque de manière émouvante sa carrière de footballeur avortée. S’il existe un cliché du film de sport sur le modèle de la popularité avant la chute puis l'inévitable renaissance, Shaolin Soccer de Stephen Show se propose de le parodier dans un film entre le cartoon et le wu xia pan. La loyauté, l’honnêteté et le culte des valeurs ancestrales sont du côté de la bande de losers mais cela ne leur apporte que misère et injustice. Le cinéma permet également de descendre des gradins pour être au plus près des sportifs comme dans Slalom de Charlène Favier et ces scènes de ski impressionnantes. L’animation du Sommet des dieux permet à Patrick Imbert de raconter pleinement un récit situé dans un cadre difficile à capter autrement. Deux récits autour du dépassement de soi comme point aveugle de la quête des sportifs. La passion du sport a beau être une valeur cardinale, souvent au-dessus des autres pour la plupart des personnages des films présentés, elle devra être mise à rude épreuve par un monde qui a tendance à questionner nos plus profonds instincts et à nous troubler profondément. D’hier à aujourd’hui, sport et cinéma auront attiré des regards émus, parfois sidérés, pouvant se rencontrer le temps d’un moment suspendu. ![]() |