R.M.N.
Cristian Mungiu
Quelques jours avant Noël et après avoir quitté son emploi en Allemagne, Matthias est de retour dans son village natal de Transylvanie à la population multiethnique. Il s'inquiète pour son fils, Rudi, qui grandit sans lui, pour son père, Otto, resté seul et il souhaite revoir Csilla, son ex-petite amie. Il tente de s'impliquer davantage dans l'éducation du garçon qui est resté trop longtemps à la charge de sa mère, Ana, et veut l'aider à surpasser ses angoisses irrationnelles. Quand l'usine que Csilla dirige décide de recruter des employés étrangers, la paix de la petite communauté est troublée, les angoisses gagnent aussi les adultes. Les frustrations, les conflits et les passions refont surface, brisant le semblant de paix dans la communauté.
Scénario : Cristian Mungiu
Image : Tudor Vladimir Panduru
Montage : Mircea Olteanu
Image : Tudor Vladimir Panduru
Montage : Mircea Olteanu
Production : Mobra Films
« Réalisateur puissant, Cristian Mungiu (Palme d'or en 2007 pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours) montre, en une succession de plans fixes, la montée de la peur, la flambée xénophobe, le ressentiment contre l'Europe, les ravages de la mondialisation et les dégâts de l'éducation viriliste. La portée de son film sombre, sensoriel, d'un réalisme ponctué d'onirisme (des chiens aboient, des ours rôdent, des chevaux suggèrent l'invasion des Huns et, dans la forêt, un gamin voit « quelque chose » qui lui fiche la trouille de sa vie), dépasse le microcosme roumain puisque ces pulsions primitives, ces tensions communautaires, cette paranoïa incontrôlable, nous pourrions bien les connaître aussi. (…) Hostile à toute simplification, Mungiu pose des questions éthiques mais ne juge pas. Au spectateur de se faire sa propre idée. Notamment grâce à un morceau de bravoure de dix-sept minutes, assemblée générale des villageois à la salle des fêtes, tourné en plan-séquence à deux caméras et filmé du point de vue de Csilla, où explosent la cacophonie des stéréotypes, les tambours de la folie identitaire mais aussi la petite musique de la lutte des classes. Y a-t-il, au sein de cet univers gouverné par la terreur, chauffé à blanc par son histoire, déboussolé par la passivité des institutions (église, mairie), une pointe d'optimisme ? Oui. Matthias entend que son garçon sache se battre, qu'il n'ait aucune pitié : « Si tu as pitié, tu meurs en premier, et je veux que tu meures en dernier ! » Plus tard, l'enfant laisse un animal pris au piège filer. Comme si Mungiu mettait toute sa confiance dans la génération d'après. » (Sophie Grassin ; Le Nouvel Obs)