Barbara
Mathieu Amalric
Une actrice va jouer Barbara, le tournage va commencer bientôt. Elle travaille son personnage, la voix, les chansons, les partitions, les gestes, le tricot, les scènes à apprendre, ça va, ça avance, ça grandit, ça l'envahit même. Le réalisateur aussi travaille, par ses rencontres, par les archives, la musique, il se laisse submerger, envahir comme elle, par elle.
Scénario : Mathieu Amalric, Philippe Di Folco
Image : Christophe Beaucarne
Montage : François Gédigier
Image : Christophe Beaucarne
Montage : François Gédigier
Production : Waiting For Cinema, Gaumont
Frisson, dès le générique. On entend Barbara sans la voir. Elle parle, confusément, comme une écrivaine, c’est déjà une mélodie. Une chanson connue des « barbarophiles », Chanson pour une absente : « … C’est Paris, c’est un matin de novembre, qui n’est pas encore froid… » On mord à l’appât, on aime ça, on ne décrochera pas. Une actrice surgit ensuite (Jeanne Balibar), star avec garde rapprochée, qui revient de l’étranger. Elle s’appelle Brigitte, elle doit jouer la longue dame brune sous la direction d’un cinéaste roux (Mathieu Amalric, lui-même), veste en tweed, un brin timide, transi d’admiration. Pour la comédienne ou pour Barbara ? Les deux, sans doute. Ces louves magnifiques ne vont pas cesser de dialoguer à distance, de jouer ensemble, de se confondre, de permuter. Autant prévenir, donc : ce Barbara, septième film de Mathieu Amalric, est un « antibiopic ». Aucun récit linéaire sur les épisodes clés de l’existence de la chanteuse — ce serait faire injure à l’imaginaire. Ce n’est pas la biographie qui intéresse l’auteur de Tournée (2010), mais l’esprit de la chanteuse, ses vertiges, ses sensations, ses émotions, qui déteignent si bien sur nous lorsqu’on l’écoute. (Jacques Morice ; Télérama)